samedi 15 octobre 2011

Donner du temps au temps de la science

voici un appel de collègues que je rejoins bien volontiers, la science n'a rien à voir avec la politique spectacle que souhaite nous imposer les gugusses des ministères.

Cette dégénérescence de nos métiers n’a rien d’inéluctable. Résister à la Fast Science est possible. Nous pouvons promouvoir la Slow Science en donnant la priorité à des valeurs et principes fondamentaux :

•À l’université, c’est principalement la recherche qui continue à nourrir l’enseignement, malgré les agressions répétées de tous ceux qui rêvent de secondariser en partie cette institution. Il est donc impératif de préserver au moins 50% de notre temps pour cette activité de recherche, qui conditionne la qualité de tout le reste. Très concrètement, cela implique le refus de toute tâche qui empiéterait sur ces 50%.

•Chercher et publier en privilégiant la qualité demandent que chacun puisse se consacrer exclusivement à ces tâches pendant un temps suffisamment long. À cette fin, revendiquons le bénéfice de périodes régulières sans charge d’enseignement ou de gestion (un semestre de droit tous les 4 ans par exemple).

•Cessons de privilégier la quantité dans les CV. Des universités étrangères donnent déjà l’exemple, en limitant à 5 le nombre de publications que peut mentionner un candidat à un poste ou à une promotion (Trimble S.W., 2010, « Reward quality not quantity », Nature, 467:789). Ceci suppose que, de manière collégiale et transparente, nous nous dotions de méthodes et d’outils pour que nos dossiers ne soient plus évalués en fonction du nombre de publications ou de communications, mais en fonction du contenu de celles-ci.

•Nourri de la recherche, l’enseignement est la mission par excellence des universitaires : il s’agit de transmettre les savoirs acquis. Il faut laisser les enseignants-chercheurs enseigner, en améliorant leurs conditions de travail (combien de temps gaspillé à résoudre des problèmes pratiques et souvent triviaux qui ne relèvent pas de leurs missions ?), en allégeant leurs tâches administratives et en réduisant le temps passé à « monter des maquettes ». Ces fameuses « maquettes », notamment, pourraient se borner à définir le cadre pédagogique propre à la discipline dans l’université considérée, sans qu’il soit nécessaire de changer ce cadre tous les quatre ans (ou cinq ans), comme c’est le cas actuellement.

•Dans nos tâches de gestion, exigeons tout le temps nécessaire pour étudier les dossiers qui nous sont soumis. Désormais, dans l’intérêt de tous, travaillons uniquement sur les contenus et rejetons cet ersatz de démocratie ou de collégialité qui consiste à voter sur des dossiers que, dans le meilleur des cas, nous n’avons pu que survoler. Rien ne nous oblige à nous soumettre à l’idéologie de l’urgence dont se gargarisent le Ministère et les « gestionnaires responsables ».

•Plus généralement, il n’est pas inutile de rappeler que notre vie ne s’arrête pas à l’Université et qu’il est nécessaire de garder du temps libre pour nos familles, nos amis, nos loisirs ou… pour le plaisir de ne rien faire.

Si vous êtes d’accord avec ces principes, signez le texte d’appel à la fondation du mouvement Slow Science. Mais, surtout, prenez votre temps avant de décider de le faire ou pas !


http://slowscience.fr/

et j'ajoute, prenons le temps de nous mettre à la disposition et à la portée de tous car nous devons partager, être pédagogue et ouvert au plus grand nombre et pas seulement nos étudiants.

samedi 10 septembre 2011

chercheurs, experts et compagnie.....

En cette rentrée j’ai été sollicité par plusieurs d’entre vous pour me demander un avis sur tel ou tel expert, pour être très honnête avec vous cette question ne m’intéresse pas, j’en ai même rien à faire mais je vais toutefois vous donner un axe de réflexion.

D’un point du vue scientifique il est impossible de déclarer un expert mauvais ou bon, inefficace ou efficace sans faire une longue recherche épistémologique englobant l’individu et le style qu’il pratique. En dehors de la science prétendre qu’un expert est bon ou mauvais n’est rien d’autre qu’émettre un jugement de valeur. Je sais bien que nous vivons à une époque ou chaque citoyen s’improvise volontiers épistémologue (critique des sciences ou philosophe des sciences), voilà un métier qui en un siècle a conquit la planète.

Pourtant au risque de décevoir la critique scientifique n’est pas aussi simple, la connaissance nécessaire est rarement disponible au journal télévisé, sur les forums et dans vos magasines préfères. La connaissance et l’information sont deux choses totalement différentes, y compris l’information à caractère scientifique qui est largement diffusée par les médias. Effectuer des tests de frappe en présence de scientifiques avec du matériel sophistiqué et annoncer que les résultats montre que tel art martial est plus dévastateur qu’un autre dans un combat est tout simplement une information manipulée destinée à des consommateurs. Il existe des recherches « alimentaires », un chercheur doit aussi manger.

Différence entre chercheur et expert dans les arts et systèmes de combat :


Le chercheur devrait être défini, avant tout, à partir de sa capacité d’observation, son ouverture scientifique aux différentes disciplines, sa capacité de neutralité, sa connaissance des déterminismes et des paradigmes, son projet de production de connaissance. Cette dernière n’est pas seulement le produit d’une étude sur la réalité, mais aussi et surtout la conséquence d’une transformation de la réalité.

La recherche-action est une science de la complexité et de la simplexité ( et non pas de la simplicité) telle qu’elle est définie par le professeur Alain Berthoz. À la différence de la démarche analytique classique qui sépare les éléments d’une situation, je pense que la connaissance des situations implique une compréhension globale impliquant diverses disciplines scientifiques qui s’affine progressivement par approximations, expérimentations et collaboration.

Le chercheur produit lui-même ses outils conceptuels et méthodologiques et ces derniers n'atteignent un seuil de scientificité qu'à partir du moment où ils sont devenus transposables, ré appropriables par d'autres chercheurs, autrement dit réfutables, il ne cherche pas l’exclusivité de la connaissance, il sait que la progression dans la connaissance arrive par le partage avec les autres recherches. Un chercheur en science du combat ne passera par l’expertise et l’enseignement que dans le cadre de sa recherche. Les deux n’étant que des moyens à sa disposition pour observer une situation.

L'expert, de son côté, peut être caractérisé comme un spécialiste choisi pour sa compétence parce que susceptible d'apporter un capital de connaissances constitué par ses soins, mais généralement élaborées par d'autres (le chercheur). Il répond donc à une demande mais il ne sait traiter celle-ci que dans les limites de sa technicité propre dans le but de la rendre plus conforme à des modèles ou à des cadres préexistants (les méthodes, systèmes, les arts ….)

Il représente en quelque sorte, une base de données disponible. Il est donc clair que l'expert ne produit pas de connaissances nouvelles d’un point de vue scientifique. Son client attend de lui une visée praxéologique( une analyse de l’action efficace). Il énonce une connaissance disponible aux fins de telle ou telle application (combat rituel, combat de rue ….) Bien évidement, périodiquement, la connaissance de l’expert sera mise à jour (enfin il faut l’espérer). Il emprunte ses outils, tantôt au chercheur, dont il transformera les modèles, souvent en les simplifiant pour une bonne application de terrain (les meilleurs experts) soit en les compliquant (par ignorance des bases scientifiques mais très souvent par narcissisme chez les mauvais) tantôt au professeur (mais en général il ne le dira pas).

Personnellement je préfère trouver ce que les autres enseignent qu’enseigner ce que les autres trouvent.

JLG

samedi 27 août 2011

Séminaires pour l'année à venir

L’année dernière vous avez été nombreux à me solliciter pour des séminaires, malheureusement, je n’ai répondu favorablement qu’a 5 clubs, j’en suis vraiment désolé mais entre recherche, enseignement et ingénierie j’ai un emploi du temps très chargé.

Pour l’année à venir je dois me rendre plusieurs fois en Russie afin d’étudier les comportements violents et les confrontations entre bandes. Lorsque l’on étudie le combat de rue et les comportements des agresseurs et des combattants qui officient dans le milieu, il faut être sur place au plus prêt de l’affrontement. Je l’ai déjà dit mais la rue n’a rien à voir avec une salle de sport ou un dojo, il est donc important de prendre en compte l’environnement, le contexte social de l’affrontement etc. Cette façon de procéder( recherche action en langage scientifique) est difficile et longue, je vais donc avoir encore moins de temps pour les séminaires cette année.

Pourtant j’aime bien cet échange avec les gens, cela me change de mes étudiants et cela m’apporte beaucoup. En conséquence n’hésitez pas à me contacter, même si cela risque de prendre du temps avant que j’intervienne.

Mes séminaires sont toujours gratuits, si je me déplace vous payez mon transport. Pour les demandes en région parisienne, je vous encourage à venir à l’université, cela ne vous coutera rien du tout.( enfin sauf vos déplacements)

Pour répondre aux nombreux mails que je revois sur la parution du tome 2 de l’anthropologie du combat, je suis en mesure de vous dire qu’il paraitra certainement en 2012, j’en suis à plus de 500 pages et je dois y ajouter le résultat de mes recherches sur l’entrainement, et plus particulièrement sur l’entrainement dit réaliste en scénario et mise en situation. J’ai encore besoin de plusieurs mois pour terminer une expérimentation là-dessus. Bref encore du boulot quoi !

Mail à l’université : jean-luc.guinot@u-paris10.fr

Mail perso : jlguinot@yahoo.fr

dimanche 27 février 2011


Le samedi 29 janvier dernier j’ai été invité à Clermont Ferrand au club de Krav Maga afin de donner un cours d’anthropologie du combat, le matin a été consacré à la théorie avec, entre autre, l’étude du système nerveux et des mécanismes du combat défensif de survie, la prédation humaine…. et l’après midi à la pratique.
J e garde un très bon souvenir de cette merveilleuse journée, entouré par des gens d’une très grande gentillesse et d’une ouverture d’esprit remarquable. Il émane du groupe un esprit de famille qui réchauffe le cœur, et vous met de suite à l’aise.
L’humanisme et l’hospitalité des auvergnats n’est pas une légende, merci à eux.


http://www.kravmaga-clermont-ferrand.fr